Bien que les altitudes soient modestes et peu favorables à un enneigement persistant l’été puisque l’aiguille du Belvédère culmine à 2965 m, l’englacement est bien présent dans la Réserve Naturelle des Aiguilles Rouges !
Dans les Alpes, les glaciers naissent à haute altitude, où la neige s’accumule année après année. Par compaction et regel des eaux de fusion, elle se transforme en glace. En dessous de de la ligne d’équilibre où l’ablation estivale compense exactement l’accumulation hivernale, la glace du glacier est directement visible en été, mettant à nu les crevasses et autres séracs qui attestent de l’écoulement de la glace. Ces fractures résultent des contraintes mécaniques que subit la glace lors de son écoulement, sur un substrat irrégulier, avec des ruptures de pente qui peuvent être brutales. Du fait de cet écoulement, les glaciers descendent à des altitudes bien inférieures à celle de la ligne d'équilibre, le front du glacier marquant la ligne à partir de laquelle la fonte est plus importante que l'apport de glace en amont.
En s’écoulant, le frottement des glaciers polit et strie les roches sous-jacentes. Les débris rocheux, provenant des parois alentour, sont transportés par le glacier et forment des moraines. Des formes bien spécifiques sont ainsi mises en place : surfaces arrondies et striées (roches moutonnées), moraines latérales et frontales, lacs de surcreusement ...
La glace remplissait encore les vallées de l’Arve et du Rhône en amont de Lyon il y a 25000 ans durant la dernière grande période glaciaire : le Würm. La décrue qui a suivi n’a pas été linéaire; par exemple, au Dryas récent, il y a 12000 ans, les glaciers étaient redescendus et ont formé des moraines frontales et latérales, visibles aujourd’hui en fond de vallée comme celle du Planet au-dessus d’Argentière. Au Néolithique, il y a 7000 ans, les glaciers s’étaient largement retirés avec une extension probable moindre qu’aujourd’hui. Plus récemment, au Petit Age Glaciaire, entre les XVIIe et XIXe siècles, les glaciers ont vraisemblablement connu leur plus grande extension depuis le Dryas récent. La moraine latérale du glacier d’Argentière en est un témoin. Depuis 1850, tous les glaciers reculent de manière plus ou moins régulière avec par exemple une légère ré-avancée dans les années 1970-80, et une forte accélération du retrait depuis les années 1990, en lien avec le réchauffement climatique.
N’hésitez pas à parcourir les sentiers des Réserves Naturelles des Aiguilles Rouges, vous marcherez sur les traces d’anciens glaciers qui ont façonné la forme des terrains, en face des glaciers de la chaîne du Mont-Blanc.
Les glaciers font figure de Sentinelles du Réchauffement climatique car leurs avancées ou reculs intègrent les tendances de température sur plusieurs années, voire plusieurs dizaines d'années. Le réchauffement actuel se traduit par un recul spectaculaire des grands glaciers du massif du Mont-Blanc. Néanmoins, ce recul n'est pas uniforme et sa dynamique dépend d'autres facteurs, tels que l'exposition, l'encaissement, le profil en long, la taille du bassin d’accumulation amont. L'impact du réchauffement climatique sur la dynamique glaciaire constitue donc un sujet de recherche majeur, pour imaginer à quoi pourrait ressembler les Alpes si la hausse des températures se poursuit. Mais le réchauffement se traduit aussi par des risques accrus d'écroulement de glaciers suspendus et de créations de lacs pro-glaciaires dont la barrière naturelle si elle est constituée par une moraine peut s'effondrer provoquant des crues brutales. L'augmentation des risques naturels en lien avec le réchauffement climatique en zone glaciaire est donc aussi devenue un enjeu de connaissance à fortes implications sociétales.
Plus d'infos :
Schéma de fonctionnement d’un glacier ©ARNAR Cliquez ici
Formation_des_glaciers © Luc Moreau Cliquez ici
Erosion des parois rocheuse ©Ludovic Ravanel Cliquez ici
Traces des anciens glaciers © Sylvain CoutterandCliquez ici