Association des Réserves Naturelles des Aiguilles Rouges    

Botanique du massif des Aiguilles Rouges



Fondamentaux

La classification moderne du monde vivant comprend 5 règnes : les Procaryotes, les Protistes, les Champignons, les Végétaux et les Animaux.
La botanique est la science des végétaux.

Les végétaux sont des eucaryotes pluricellulaires pourvus d’une paroi squelettique (avec des résidus de glucose) et possédant de la chlorophylle (autotrophie). Dans le règne végétal, on peut distinguer 4 embranchements :
-les Algues ;
-les Bryophytes (mousses et hépatiques) ;
-les Ptéridophytes (fougères) ;
-les Spermaphytes (plantes à fleurs et à graines),
Ces embranchements sont apparus les uns après les autres au fil de l’évolution naturelle et de bien des millions d’années.

Notons que les Champignons ne sont pas des végétaux, mais constituent un règne à part entière. Ce sont des eucaryotes pluricellulaires pourvus d’une paroi squelettique (avec des résidus de chitine) et hétérotrophes (pas de chlorophylle).

Le nom scientifique des végétaux s’écrit en latin et en italique. C’est un binôme comprenant :
-le nom du genre (ex. Gentiana)
-le nom de l’espèce (ex. verna)
-le nom de l’auteur du binôme (abréviation conventionnelle avec par ex. L. pour .Linné)
La gentiane printanière est Gentiana verna L.

La biologie des végétaux

La spécificité du monde végétal peut être résumée par :

• Leur mode de nutrition


La chlorophylle, grande invention du monde végétal, permet aux végétaux d'utiliser l'énergie solaire pour se nourrir et se développer à partir de l'eau et des ions minéraux puisés dans le sol par leurs racines et aussi du dioxyde de carbone absorbé par les feuilles. L'évolution des végétaux aériens s'est traduite par l'extension de ces surfaces d’absorption au niveau racinaire (poils absorbants, mycorhizes er nodosités) et au niveau foliaire (chloroplaste, feuille et cou-vert végétal). Le développement maximun du rapport surface/volume est ce qu’on appelle l’effet de surface. Cela a créé des contraintes mécaniques qui ont abouti à la fixité du végétal et à son ancrage dans le sol. Une plante supérieure présente une organisation générale avec un appareil racinaire et une tige feuillée.
La racine est un organe qui assure l'ancrage de la plante, l'absorption (eau, ions minéraux et diazote moléculaire) et aussi la pérennité de l'espèce par multiplication végétative (rhi-zomes, tubercules, drageons).
La tige est un axe portant les feuilles. Elle assure le port (soutien mécanique) des végétaux terrestres, la conduction de la sève brute et de la sève élaborée et des fonctions accessoires (stockage de réserves, multiplication végétative, protection, fixation, défense).
La feuille assure la photosynthèse (1% de l'énergie solaire captée) et la gestion de l'eau (50% de l'énergie solaire captée c’est-à-dire la moitié sert à la transpiration, moteur de la montée de la sève brute. Quelques adaptations fonctionnelles concernent les fonctions accessoires des feuilles comme la multiplication végétative, la protection, la nutrition azotée (plantes carnivores) la fixation de la plante, et la mise en réserve.

• Leurs modes de reproduction


Les végétaux se reproduisent de façon sexuée et/ou par multiplication végétative.
La fleur est l’organe de la reproduction sexuée qui commence par la pollinisation (80% des Angiospermes sont pollinisées par les insectes), par la germination du pollen; la fécondation, la formation de la graine et du fruit et enfin la dissémination des graines ou des fruits. C'est l’emboîtement des générations qui permet à la plante-mère d’assurer le développement de l’embryon et qui autorise la survie dans des conditions climatiques défavorables avec l’apparition des espèces annuelles dont le cycle est réalisé en quelques mois.
La multiplication végétative est un mode de reproduction qui aboutit à la propagation d’individus génétiquement identiques sans intervention de phénomènes sexués. Elle est particulièrement répandue chez les végétaux (reproduction de l’appareil végétatif d’où son nom) et est d'une grande diversité : bouturage, spores des algues, stolons des fraisiers, bulbes des Tulipes, tubercules des dahlias et des pommes de terre). La réussite de ce processus de reproduction est liée à la totipotentialité des cellules végétales.

La répartition de la végétation en montagne

L’élévation en altitude s’accompagne de changements physiques comme la diminution de la pression atmosphérique, la réduction de la teneur de l’air en oxygène, de températures plus basses, de l’augmentation des rayonnements solaires et d’une exposition croissante à la neige et au gel. Pour les végétaux, ces variations altitudinales entrainent notamment une réduction de la période de végétation, des conditions écologiques très contrastées au cours du temps et variées dans l’espace, et des conditions de croissance et de reproduction de plus en plus dures. De fait, toutes les montagnes du monde présentent un ordonnancement de la végétation avec du bas en haut une zone de collines (végétation semblable à celle des plaines voisines), une ceinture forestière (étage montagnard avec les feuillus et étage subalpin avec les conifères) et un tapis herbacé (étage alpin).


La répartition schématique des étages de végétation suivant l’altitude et l’exposition en France dans les Alpes du Nord

Cependant cette répartition des étages de végétation est troublée par les irrégularités du relief, les différences d’exposition au soleil et au vent, les variations de la nature du sol, la latitude, la présence des glaciers et aussi par les interventions humaines.

La forêt à l’automne permet une lecture de la répartition des essences forestières : Ici, la montagne de Lognan, où l’épicéa occupe les bas et milieux du versant en deçà de 1.900 mètres d‘altitude (étage montagnard) alors que le mélèze occupe le haut du versant (étage subalpin) mais aussi moins logiquement le bas de la vallée : la fonte et le retrait du glacier d’Argentière ont en effet délaissé ses anciennes moraines : un nouveau territoire colonisé jusqu’à 1.300 mètres d’altitude par le mélèze, essence pionnière de cette zone de l’étage montagnard !

La nécessaire adaptation des végétaux aux conditions de vie en altitude

Les végétaux vivant en altitude ou orophytes présentent nombre de particularités structurales et fonctionnelles qui leur permettent de résister aux conditions écologiques difficiles du milieu montagnard. On peut citer :
-les réponses morpho-anatomiques comme le développement important des racines (souvent plus de 1,50m chez le Silene acaule), la réduction de l’appareil végétatif aérien (feuilles petites, épaisses et très cutinisées, la tendance au nanisme (Juniperus nana), la présence de duvets protecteurs (Campanule barbue, Primevère farineuse, Edelweiss), la succulence (Jourbarbe, Sedum), le port caractéristique en coussinet (Silene acaule, saxifrages, androsaces) et en espalier (saules nains, rhododendrons) et l’exubérance des fleurs aux couleurs vives (bleu éclatant des gentianes dû à des pigments anthocyaniques, jaune vif des anémones soufrées et des potentilles dû à des caroténoïdes. Ces pigments créent un pouvoir attractif de la fleur qui facilite la pollinisation par les insectes et permettent l’absorption des radiations UV ce qui protège les structures cellulaires et le noyau d’un effet mutagène certain.
-les réponses physiologiques avec une période de végétation et de floraison très courte. Parfois même la floraison s’effectue sous la neige (soldanelle, crocus) et la floraison explose au printemps ; on parle de plantes chionopiles (vivant dans la neige). Le spectre biologique montre une abondance des plantes vivaces (brièveté des jours favorables) et peu de plantes annuelles moins de 5%). Enfin il existe un recours privilégié à la multiplication végétative avec les bulbes (lis martagon, crocus), stolons (renoncules, benoîte). La végétation des combes à neige a bien adopté ces stratégies.
Les végétaux ont pu coloniser la haute montagne et s’y adapter par des réponses variées au niveau cellulaire, au niveau de l’individu et à celui du peuplement entier.


N’hésitez pas à parcourir les sentiers des Réserves Naturelles des Aiguilles Rouges, mais n’oubliez pas que la flore des montagnes est fragile et qui faut préserver l’équilibre de cette végétation montagnarde.